Le mouvement Massorti défend une vision bien précise du Judaïsme dont voici les grands traits.

 

 


1. Tradition et modernité

Le mouvement Massorti (Conservateur) constitue un des trois grands courants du judaïsme contemporain. Des rabbins de notoriété mondiale en ont été les fondateurs au 19ème siècle et en sont les promoteurs aujourd’hui.

Sa vocation est de conjuguer fidélité à la Tradition et ouverture sur la modernité, selon la formule biblique utilisée par les Talmudistes pour aiguiller la Loi : « Èt laâssot, la-Ha-Chem, héférou Toratèkha : Le temps est venu pour l’Éternel, car on viole Ta Loi » Psaumes (119,126).

Il part du constat historique que le judaïsme n’a jamais été un système en vase clos et que la prise en compte de la réalité environnante ne s’est pas traduite forcément en déliquescence de l’identité juive ou en trahison de ses valeurs. Elle a, au contraire, été des plus fécondes et, dans bien des cas, nécessaire.

2. Rigueur et souplesse dans la pratique des commandements de la Tora

Le mouvement Massorti considère la Halakha (le système juridique de la Loi orale fondée sur le Talmud) et la haute discipline qu’elle requiert comme une composante essentielle et incontournable qui définit l’observance préconisée par la Tora d’Israël.

Cette fidélité se fonde sur la conviction que la réalisation spirituelle de l’homme se joue dans son effort de mise en pratique des mitsvot (commandements divins) tant rituels que moraux.

À condition, toutefois, de ne pas négliger le fait qu’il incombe aux décisionnaires de chaque génération d’en définir les modalités d’application en soumettant la lettre à l’esprit. De fait, le judaïsme, tout en restant fidèle à lui-même, a considérablement évolué au cours des âges en tenant compte des réalités nouvelles.

En conséquence, le mouvement Massorti considère qu’il faut impérativement prendre en compte les nouveaux contextes socio-historiques, en trouvant les solutions d’adéquation grâce au dynamisme propre du système de la Halakha qui autorise une évolution des normes. Mais de même que la rigueur n’implique pas la rigidité, la souplesse ne doit pas conduire à l’abandon des règles et des codes qui régissent le fonctionnement juridique de la Loi, en prônant des attitudes permissives ou laxistes.


3. L’étude de la Tora et liberté de conscience

Le mouvement Massorti considère l’étude de la Tora comme un devoir fondamental. Comme l’enseigne le Talmud, il fait à lui seul le pendant à tous les autres commandements : « Talmud Tora ke-neged koulam » (Chabbat 127a). Le but premier est donc de s’imprégner des valeurs et convictions profondes de la civilisation d’Israël.

Ceci étant, le mouvement Massorti voit dans la liberté de conscience et d’expression un droit fondamental et inaliénable.

Qui plus est, la probité intellectuelle doit être tenue pour un des plus grands devoirs de la Tradition.

La foi ne peut être authentique et éclairée si elle ne prend sérieusement en compte toutes les données du savoir.

Aussi admet-il le pluralisme et inclut l’utilisation de méthodes modernes et scientifiques dans l’interprétation des textes traditionnels. Il encourage le libre examen des normes et idées et respecte la liberté d’opinion. Il s’oppose donc à toute forme de coercition en la matière, pour ne légitimer que les moyens éducatifs.


4. Tolérance et solidarité

Le mouvement Massorti vise à resserrer les liens entre les Juifs de par le monde. Sans chercher à minimiser certaines divergences avec d’autres tendances, il entend maintenir la fraternité et s’élever au-dessus des querelles partisanes. « Kol Israël arévim zè be-zè : Tous les Juifs se doivent d’être solidaires » (Chevouôt 39a). La discussion doit pouvoir être franche dans « un esprit cordial et sincère de dialogue - mahloket le-chem chamaïm » (Avot 5:17).

Il accueille en son sein et sans discrimination des Juifs de diverses communautés d’origine et tendances idéologiques ou spirituelles.

Il vise, par ailleurs, à combattre énergiquement l’antisémitisme partout où il se manifeste dans le monde.


5. Identité juive et humanisme

Le mouvement Massorti s’oppose à l’assimilation car il veut préserver, dans les conditions de la diaspora, le patrimoine humain et culturel d’Israël.

Cependant, il insiste sur la pleine responsabilité civile, l’intégration dans la cité et sur la nécessité de la tolérance et de l’humanisme fondée sur l’idée enseignée par Rabbi Akiba (Avot 3:18) que « Respectable est tout homme car il a été créé à l’image de Dieu ».

Aussi combat-il toute forme d’intégrisme, de racisme et d’exclusion gratuite. Le mouvement Massorti encourage donc les rapports de convivialité et de solidarité avec les Non-Juifs, tout en conservant les spécificités de chacun. Les autres convictions religieuses et morales doivent être pleinement respectées et un dialogue bienveillant doit être étable avec elles.

Être Massorti, c’est être à la fois religieux et laïc, à l’écoute à la fois de notre tradition et du monde.


6. Représentativité des femmes

Comme le judaïsme traditionnel le requiert, le respect de la personne implique en particulier celui de la femme.

Son statut légal dans la Halakha a évolué au cours des âges vers une plus grande émancipation. Dans la société moderne, la femme a accédé à des fonctions publiques qu’autrefois la coutume lui avait refusées.

Le mouvement Massorti tend donc, dans le respect du dynamisme de la Halakha, à lui octroyer une plus grande représentativité et responsabilité dans la vie religieuse et sociale, sans nécessairement viser à l’uniformisation, comme l’enseigne ce midrach : « J’en prends à témoin le ciel et la terre, que ce soit le Gentil ou le Juif, l’homme ou la femme, l’esclave ou la servante, sur chacun, selon ses œuvres, repose l’esprit saint » (Yalkout Chimôni sur Juges 4,4).


7. Le sionisme

Le mouvement Massorti souligne la place centrale de la terre et de l’État d’Israël dans la vie juive contemporaine. Il a toujours soutenu le mouvement sioniste et l’effort d’intégrer de nouveaux immigrants. « Ki mi-Tsion tétsé Tora ou-devar Ha-Chem mi-yirouchalayim » : Car c’est de Sion que sortira la Tora et de Jérusalem la parole de Dieu » (Isaïe 2,3).

Il vise donc à promouvoir l’étude et la pratique de la langue hébraïque, ainsi que de la culture israélienne.

Solidaire de l’État juif, il est cependant apolitique en ce sens qu’il n’est lié à aucun parti, ni ne prend position sur les questions de sécurité qui divisent la démocratie israélienne.

A vos livres !

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